Avant de s’interroger sur la pertinence de ce concept, encore faudrait-il le définir, tant sa terminologie revêt un caractère flou. Tout d’abord, si l’on refait un peu d’histoire intellectuelle, on s’aperçoit que ce concept a émergé en France sous la plume de l’historien des idées Pierre André-Taguieff dans son livre « la nouvelle judéophobie » en 2002. Dans cet ouvrage, l’auteur définit l’islamo-gauchisme comme une rémanence de l’idéologie tiers-mondiste marquée par une rencontre inédite entre les forces altermondialistes et islamistes. L’acteur musulman incarnerait, selon la vulgate islamo-gauchiste, la nouvelle figure du prolétaire universel et serait l’acteur idoine pour préparer la révolution mondiale anticapitaliste. En somme, l’alliance entre la prophétie et le prolétariat !

Au-delà de cet exercice de sophistication intellectuelle, comment expliquer que cette expression aux contours flous ait eu un réel écho dans la doxa politico-médiatique, au point même que ceux qui s’aventureraient à la nier ou à la critiquer dans l’arène publique seraient considérés aujourd’hui comme des « parias ». Les critiques du concept « islamo-gauchisme » font une comparaison avec l’expression du Judéo-bolchévisme, expression utilisée par l’extrême droite européenne dans l’Europe des années 30 pour souligner l’imminence du péril rouge. Cette comparaison est-elle réellement pertinente ? A quoi et à quelles pratiques renvoie réellement l’expression de l’islamo-gauchisme ?

Des islamologues de renom s’interrogent aussi sur la pertinence de l’expression « islamo-gauchiste ». Pourquoi utiliser, selon eux, le préfixe « islamo », l’objectif visé n’est-il pas d’ajouter de la confusion et de montrer la porosité entre islam et islamisme…

A l’occasion de la 19e édition de l’UPD,  la FIF ouvre le débat sur ces questions, avec le sociologue Alain Policar, chercheur au CEVIPOF,  et le Président de la FIF Ghaleb BENCHEIKH, sur l’origine et le sens du concept de l’islamo-gauchisme.