Ghaleb Bencheikh s’explique après la polémique née autour de ses propos sur le voile
« Je pense fondamentalement que le voile est une atteinte à la dignité humaine dans sa composante féminine. » Face à la polémique née de ces propos tenus auprès de Marianne, le président de la Fondation de l’islam de France Ghaleb Bencheikh s’exprime et s’explique.
« Je pense fondamentalement que le voile est une atteinte à la dignité humaine dans sa composante féminine. Ce n’est pas cela l’élévation spirituelle. » Ces quelques mots de Ghaleb Bencheikh, tirés de son interview avec le magazine Marianne en date du 24 janvier, n’ont pas manqué de provoquer une polémique parmi des musulmans en France.
Alors, avec de tels propos, serait-il un « allié objectif des islamophobes », comme certains de ses détracteurs l’affirment sur les réseaux sociaux ? Lors d’un échange avec le public venu assister, jeudi 31 janvier, à la présentation des vœux de la Fondation de l’islam de France, son nouveau président a été interpellé sur ce sujet. Une occasion toute trouvée pour le théologien de revenir sur ses propos et de les éclaircir.
L’affirmation d’un « respect absolu » de choix personnels
C’est avec fougue que Ghaleb Bencheikh, qui n’a jamais caché son avis tranché sur le voile, s’est d’abord défendu d’avoir manqué de respect aux femmes musulmanes et à leurs « choix personnels ». « De deux choses l’une : respect absolu pour les choix métaphysiques et spirituels des uns et des autres, sans aucun stigmate et je ne m’autoriserai jamais à entrer par effraction dans la conscience des uns et des autres, et notamment des unes et des autres », souligne-t-il.
Plus tôt, il affirmait que si « le président de la FIF n’a pas vocation à ester en justice » face à des affaires d’islamophobie, il ne s’insurge pas moins des attaques commises contre des musulman-e-s, se disant « prêt à se jeter dans la fosse aux lions s’il le faut ». « Nous sommes dans un État de droit. Donc à chaque fois qu’il y a une atteinte à l’intégrité physique et morale de quiconque, il faut saisir la justice systématiquement. »
« En même temps, sans être macronien, je trouve aussi qu’il y a eu un travail de culpabilisation de ces consciences », estime le théologien. « Ma conviction profonde comme homme de foi, c’est que cette affaire-là (le voile) n’est pas si nécessaire pour compromettre et la scolarité et le travail, (…) l’avenir, le bonheur et l’épanouissement de nos compatriotes coreligionnaires femmes », fait-il valoir, avant d’ajouter que « cette affaire du voilement des filles a été réglée au lendemain du recouvrement des indépendances de quasiment tous les pays musulmans, ça n’a jamais été un problème ».
« Je dis ce que je pense juste de dire. Ouvrons des débats, trouvons les espaces de discernement, de l’intelligence, de la confrontation des idées au lieu du torrent d’injures et de menaces de mort », plaide, à juste titre, Ghaleb Bencheikh.
A ceux qui le traitent d’apostat, l’islamologue choisit de leur répondre en prononçant la profession de foi – la shahada –. « Et aucune force dans le monde ne saura me l’enlever car je le crois fondamentalement, c’est gravé dans mon cœur ! », conclut-t-il sous les applaudissements nourris de l’assemblée.