« La Fondation de l’islam de France ouvre son grand débat sur l’islam »
Entretien de Ghaleb Bencheikh au Nouveau Messager, mai-juin 2019. Propos recueillis par Claire Gandanger.
Son nouveau président, Ghaleb Bencheikh, affiche les ambitions éducatives, sociales et culturelles de la jeune institution pour redorer l’image de l’islam et ancrer la deuxième religion de France dans la société.
En 2005, l’ex-ministre de l’Intérieur Dominique de Villepin lance la Fondation des œuvres de l’islam de France. En 2016, son successeur Bernard Cazeneuve la transforme en Fondation de l’Islam de France. Son premier président Jean-Pierre Chevènement est à la tête de l’institution, reconnue d’utilité publique, jusqu’en décembre 2018. L’intellectuel musulman Ghaleb Bencheikh en prend alors les rênes et en redéfinit les ambitions. Cette institution laïque poursuit trois missions – éducative, culturelle et sociale – qui doivent permettre aux musulmans de France de retrouver leur fierté pour avancer vers un islam de France apaisé.
« Islam de France : convictions et responsabilités », tel est le programme du premier débat citoyen de la Fondation de l’islam de France (FIF) qui s’est tenu le 19 avril à Choisy-le-Roy, en région parisienne. D’autres rendez-vous doivent suivre cette année dans le cadre de l’Université populaire itinérante mise en place par la FIF « pour porter le débat sur les questions islamiques là où il se trouve, c’est-à-dire dans les cités ». Si la date n’est pas encore connue, cette université populaire itinérante devrait faire étape à Strasbourg dès 2019.
Bourses d’études et exposition au rayonnement mondial
En matière d’éducation, la FIF veut distribuer des bourses d’étude en islamologie, en éveil philosophique et en éducation artistique afin de susciter le débat et le sens critique chez les élèves et étudiants musulmans. La fondation entend également aider à la formation profane des imams via des bourses et allocations leur permettant de se former en Sciences humaines et sociales pour « connaître l’héritage culturel de la France », précise Ghaleb Bencheikh. Pour son volet culturel, la FIF a créé une université digitale ouvrant le grand public sur la découverte des arts et de la culture musulmane. La Fondation projette surtout d’organiser une exposition de rayonnement mondial sur l’Islam et l’Europe, installée d’abord dans un lieu prestigieux à Paris, puis en itinérance en France et en Europe. La date n’en est pas encore avancée.
La FIF a aussi des ambitions sociales : l’un de ses objectifs est de verser des dotations à des familles d’origine musulmane « dont on détecterait l’excellence scolaire des enfants » pour leur permettre de poursuivre leur scolarité « dans des internats d’excellence ».
Trouver ses financements
Pour trouver son public, la fondation va devoir se départir de la présomption d’élitisme qui marque la personnalité du théologien réformateur Ghaleb Bencheikh (voir Le Nouveau Messager n° 37). « Je ne veux surtout pas qu’on nous taxe d’élitistes », promet le président de la FIF. « Nous allons sur le terrain sans cassure générationnelle, pour montrer que la culture n’est pas réservée qu’à une catégorie de citoyens. »
Mais pour concrétiser ses ambitions, il va surtout lui falloir mobiliser des ressources financières. Pour l’heure, la FIF tire ses ressources de trois grands mécènes : la SNCF, Aéroports de Paris et la Caisse des dépôts et consignations. Les statuts de la fondation la contraignent à puiser ses financements uniquement à l’intérieur de l’espace européen. Reconnue d’utilité publique, elle peut bénéficier de subventions publiques ainsi que de dons et de legs. « Nous appelons à la générosité publique et privée », exhorte Ghaleb Bencheikh.
Source : Le Nouveau Messager